HISTORIQUE DE CHÂTEAUNEUF
CHÂTEAUNEUF, DU MOYEN-ÂGE AU VINGTIEME SIECLE...
Dans la deuxième moitié du XIIème siècle, Jean de Chaudenay créa dans son voisinage une seigneurie indépendante pour son fils cadet Jean. Suivant l'usage féodal, celui-ci prit le nom de Jean de Châteauneuf, et s'installa dans la seigneurie en 1175. La situation du seigneur de Châteauneuf était solidement assise, sa maison-forte étant établie dans une position défensive exceptionnelle. De plus, la proximité de son père et celle de son oncle Hugues II seigneur de Mont-Saint-Jean lui apportaient un appui précieux. La sécurité était assurée dans la région. Bien qu'à l'origine l'emplacement du château fut désert, cette position remarquable n'avait pas échappé à nos lointains ancêtres puisque des traces de la présence d'hommes préhistoriques, puis gaulois et romains, ont été découvertes il y a quelques dizaines d'années, lors d'importants travaux de restauration du château. Rapidement, sous la protection de celui-ci, se groupa une population laborieuse, et se créa peu à peu un village qui devint par la suite le bourg de Châteauneuf.
C'est au mois d'avril 1267 que le seigneur Jean III de Châteauneuf se signala par l'affranchissement des habitants du bourg qui furent appelés les "francs bourgeois de Châteauneuf". Il publia une charte accordant l'affranchissement de mainmorte, de formariage, et de serve condition. Il les délivrait par ce fait de la taille à volonté, ne les laissant plus soumis qu'à une redevance annuelle fixe, portant sur la terre et non plus sur la personne.

Dès le XIVème siècle, le bourg devint très actif sur le plan commercial. Deux foires sont octroyées par le Duc Eudes IV, en faveur de Guyot de Châteauneuf en 1347. Deux autres foires sont octroyées par le Duc de Bourgogne Philippe Le Bon, en faveur de Philippe Pot en 1459.
A la fin du XIXème siècle, il y avait six foires par an : les 2 janvier, 28 février, 9 avril, 8 juin, 23 août, et 8 novembre. En outre, un marché avait lieu tous les lundis.
L'activité commerciale soutenue de Châteauneuf au cours des siècles passés peut s'expliquer par la sécurité apportée par la présence du château, et le bourg protégé par une enceinte, seulement accessible par trois portes : la porte Guillaume au sud, la porte Nord, et la porte Huillier à l'est.

Cette activité peut s'expliquer également par la situation exceptionnelle du bourg : point de rencontre de trois régions économiques complémentaires, peu éloignées les unes des autres. Les échanges de produits se faisaient entre : le vignoble de la région de Beaune, la région de la montagne avec ses grandes et épaisses forêts pour le bois et le charbon de bois comme combustibles, et le pays d'Auxois pour ses productions animales et agricoles, notamment le blé.
Il faut signaler également que le bourg de Châteauneuf était une étape sur un des nombreux chemins que les pélerins empruntaient pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. Dans le bourg subsistent les ruines de l'Hôtel des Mépartistes qui accueillait autrefois les pélerins.
L'agréable promenade que l'on peut faire dans le village, par les rues et les ruelles, fait découvrir encore de multiples témoignages de la prospérité du bourg. On remarquera de nombreux vestiges et fragments d'architecture ancienne des XIVe, XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, ainsi que de belles demeures d'époque, certaines avec tourelles sur la rue, sculptures et blasons rappelant les propriétaires. La plupart ont appartenu à des riches marchands bourguignons ou à des membres importants de l'entourage de Philippe Pot, Gouverneur des Flandres.
Nous pouvons citer les noms de quelques propriétaires de ces anciennes demeures :
- Les BICHOT (famille anoblie en 1627), le blason représente une biche assise sur un os brisé.
- Les BERBISEY, sous un cadran solaire, le blason représente une brebis couchée.

Bien d'autres maisons répertoriées sur le plan du village méritent l'attention, en particulier celles avec échoppes et pierres d'étal. L'échoppe située dans le bas de la Grande Rue était autrefois celle d'un potier d'étain.
Nous remarquerons le témoignage des foires passées par le nom des diverses places : place du marché, place aux cochons, place aux boeufs, place aux chevaux, place aux moutons, grange aux ânes.
La porte Nord du village qui portait autrefois un blason avec l'inscription "Tout bien à Vienne", (le Comte Charles de Vienne se rendit acquéreur du château, le 28 septembre 1627, pour la somme de 66000 livres), permet d'aller admirer le point de vue de la Croix de Mission et de poursuivre la promenade vers la forêt par le Grand Chemin (ancienne voie romaine) sur la gauche, pour aller à l'ermitage de Saint-Julien (aujourd'hui en ruines), fondé en 1301, pour recueillir et soigner les lépreux, ensuite les pestiférés de Solle et Châteauneuf, ou bien suivre l'allée de la Chaume bordée de tilleuls dont l'origine remonte à 1627. A l'extrémité de celle-ci se trouve la chapelle Notre-Dame du Chêne, élevée au XVIIIe siècle.
En revenant vers le village, nous remarquons, le long du chemin, des jardins clos de murs. Certains sont accessibles par des portes surmontées d'un toit de lave, architecture typique de la région. Autrefois ces jardins appelés "courtils" appartenaient aux propriétaires des riches demeures du village.

Pour pousuivre cette évocation historique du bourg de Châteauneuf, nous en abordons maintenant l'aspect sociologique. Il est bien difficile de connaître l'importance de la population, au Moyen-Age. On l'estime généralement à plus de 500 habitants. En 1775, il y avait 86 feux (270 communiants aux offices).
les recensements indiquaient, en 1826 : 524 h., en 1859 : 377 h., en 1900 : 63 h.
Vers l'année 1890, il y avait à Châteauneuf : Médecin/Pharmacien, Instituteur et 35 élèves, Curé, Marguillier, Chantres (6), Chanteuses à l'église (20 à 30), Notaire, Clerc, Percepteur, Garde forestier, Garde champêtre, Cantonnier, Boulanger, Meunier, Bureau de tabac, Marchand d'étoffes (2), Marchand de vin en gros, Aubergistes (4), Quincaillier-ferblantier, Menuisier, Charron, Maréchaux ferrants (2), Tisserands (2), Maçons (2), Cordiers (2), Sabotier, Cordonniers (2), Femmes de lessive (3), Blanchisseuses (3), Couturières (3 ou 4), Servantes ou femmes de ménage (10 à 20), Cuisinières, Fermiers ou cultivateurs (15), Commis de fermes (20 à 25), Vacher communal, Bergers (5), Bûcherons (7 à 8), des Manouvriers, Musicien (pour les cérémonies familiales), Rentiers (10 à 20).
Pendant la 1ère République, en septembre 1792, Châteauneuf prend le nom de Montfranc, et est élevé au rang de chef-lieu de canton du district d'Arnay-le-Duc.
On est surpris par le déclin du village. Il s'explique par la condition modeste de la population, composée de petits paysans et manouvriers, avec des familles nombreuses. Ils vivaient difficilement sur leurs petites terres.
L'exode rural a commencé au XIXème siècle, provoqué par la construction du canal de Bourgogne et des réservoirs entre 1822 et 1838, et ensuite par la construction des lignes de chemin de fer et leur mise en service à patir de 1850.
Le lent procesus de dépeuplement du village commençait et s'insérait dans celui des campagnes françaises.

Pour poursuivre ce commentaire sur le bourg de Châteauneuf, il est intéressant d'indiquer que le territoire de la commune a une superficie de 1006 hectares, l'altitude maximum : 541,1 mètres, se situe en Chaumont à l'est, au lieu-dit "Le Bois Poulet", l'altitude à la mairie : 475 mètres, et à l'altitude minimum : 345 mètres, au lieu-dit "Le Pont de Bois", soit une dénivellation totale de 196,1 mètres.
Sur le territoire de la commune, il faut signaler d'autres lieu-dits historiques :
- Dans "Le Bois Poulet", découverte des ruines d'une tour à feu gauloise de communication,
- Sur le plateau de "Chaumont", découverte d'une cinquantaine de tumulus dont un exploré. Datation : 1er âge du fer, environ 600 à 400 ans av. J.-C.
- Dans les parages de "la Fontaine au Roy", présence d'Henri IV, après sa victoire de Fontaine-Française, le 5 juin 1595, sur la ligue, qui assiégea le château, reddition de celui-ci en novembre 1595.
- Fontaine et chapelle de Saint-Clément, sous Chaumont, chapelle édifiée sur l'emplacement d'un temple païen, par Catherine de Châteauneuf en 1439. La chapelle et la fontaine étaient un lieu de pélerinage des malades en proie aux fièvres. L'eau de la fontaine avait la réputation d'avoir des vertus curatives.
- Ferme de "Tavigny", citée dans les textes anciens sous le nom de "Taviniacum" en 696.
- Ferme de 'l'Hôpital", à l'origine hôpital et chapelle fondés en 1197, appelés successivement "l'Hôpital sous Châteauneuf" - "Maison-Dieu sous Châteauneuf" - "l'Hôpital des pauvres passants".

L'EGLISE SAINT-PHILIPPE ET SAINT-JACQUES
Avant de pénétrer dans celle-ci, nous remarquerons la maison, et la tombe des BLONDEAU (Jacques BLONDEAU, Baron d'Empire)
L'Eglise est du XVème siècle. Au clocher, cloche dite du Saint-Esprit (M.H.) de 1526. La porte principale de l'église est du XVème siècle. L'église est désaxée. Le choeur est incliné et également désaxé. A main gauche en entrant, piscine du XVème siècle, près des fonts baptismaux, chaire bourguignone de 1583, décor renaissance, avec panneaux représentant les prophètes inspirés.
La chapelle Saint-Joseph, à gauche, ancienne chapelle des seigneurs.
A droite et à gauche de l'avant-choeur, statues en bois du XVème ou XVIème siècle (M.H.) grandeur nature des Saints Jacques et Philippe, patrons de la paroisse.
Dans la chapelle, vierge à l'oiseau (M.H.) du XIVème siècle. Saint-Jean Baptiste Bourguignon du XVème siècle, école de Claus Sluter.
Remarques :
Les chapelles de la Vierge et de Saint-Joseph sont désaxées. Le choeur de l'église et les chapelles sont légèrement inclinées vers la gauche, par rapport à l'axe de la nef. Ceci pour évoquer la position de la tête du Christ sur la croix.
Historique de l'Eglise :
L'origine reste obscure. Elle n'a été d'abord, et pendant longtemps, qu'une annexe de la paroisse de Vandenesse.
En 1494, le curé Mathieu Rousseau y fonda un Mépart, pour cinq prêtres originaires du pays.
Mépart : communauté de prêtres.
Mépartiste : Ecclésiastique attaché comme auxiliaire, sans titre canonique.
Le clocher :
Le 28 juillet 1779, la foudre frappe le clocher et l'incendie. Les quatre cloches sont fondues. Le clocher est reconstruit. Les cloches sont remplacées par la cloche Jacobus de Vienne, du Comte de Damas, par l'achat de la cloche du saint-Esprit de l'Hôpital de Dijon en 1780, par la fonte de deux cloches le 28 novembre 1780. Une de ces deux cloches est brisée par la foudre en 1834 et refondue. A nouveau brisée par la foudre en 1894, elle est refondue.
Cloche du saint-Esprit fondue en 1526 par frère Dominique. Cloche Jacobus de Vienne fondue en 1583. Grosse cloche fondue en 1780, 1834 et 1897 : poids 1307 kgs.

Pour faciliter votre visite, vous pouvez imprimer un dépliant recto-verso de l'Eglise Saint-Philippe & saint-Jacques, en cliquant sur le lien ci-dessous :